Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer

Le sexisme au travail

Horcazien.nes ! Quelle merveilleuse journée que celle de la lutte des femmes pour leurs droits pour vous parler de sexisme au travail…. 🙂 Aujourd’hui, on se retrouve donc avec ce témoignage, qui nous rappelle qu’en 2021, nous en sommes encore là, à devoir subir ce genre de comportements intolérables.

LE TÉMOIGNAGE

« Cher Horcaz,

J’ai longtemps réfléchi à comment témoigner sur différentes situations sexistes et misogynes que j’ai vécu sans jamais aller au bout de ma réflexion. Ce mois-ci il m’est arrivé quelque chose qui m’a mise très en colère alors je me tourne vers toi pour pouvoir relayer ma mésaventure.

Je travaille actuellement en tant que chargée de communication, je n’ai que 25 ans mais je suis autonome sur la communication de mon entreprise et j’ai la confiance de mon directeur. Il y a quelques temps, je me suis rendue à un rendez-vous professionnel accompagnée de ma stagiaire. Durant la première partie de ce rendez-vous, nous avons échangé avec la cheffe de projet, jusqu’ici, rien d’anormal. C’est ensuite que ça se complique. Le directeur de l’agence avec qui j’ai déjà échangé vient à notre rencontre pour nous saluer. A partir de là, il s’est mis à pleuvoir des réflexions sexistes et paternalistes. Cela a vite commencé puisqu’en lui présentant ma stagiaire, il a tout de suite demandé ce que j’avais fait à mon patron pour obtenir une stagiaire (spoiler alert : je ne suis pas passé sous le bureau). A plusieurs reprises, il nous a qualifié toutes les 2 de « jolies filles » et que sous ce prétexte nous pouvions le déranger autant que besoin. Ayant repris le projet alors que précédemment c’était mon directeur, il m’a dit être ravi de cette situation car, je cite, je suis « plus agréable à regarder ». Lorsque je lui fait une requête particulière sur le projet, il me demande ce que je lui fait s’il réussit (spoilert alert 2 : je ne passe pas sous son bureau). Nous avons aussi eu le droit à une remarque infantilisante puisque la cheffe de projet, ma stagiaire et moi allons « être bien pour travailler sur nos petits projets entre petites nénettes ». Se rajoute à ça la blague raciste sur les asiatiques alors que notre cheffe de projet est asiatique.

Tout ce rendez-vous fut un véritable calvaire, à chaque remarque je ne réagissais pas et revenait sur notre projet et notre échange censé être constructif et professionnel. Après être sorties, ma stagiaire et moi avons longuement échangé sur ce qu’il s’était passé, elle aussi a été choquée de ce comportement. L’après-midi j’en ai parlé à mon patron qui m’a tout de suite protégée et proposée de changer de prestataire. Puis la journée à repris son cours tandis que je ne décolèrais pas, le soir je n’ai pas réussi à dormir. Le lendemain j’ai adressé un mail à cet homme avec mon directeur en copie. J’ai noté toutes ses remarques et lui ai dit ce que je ressentais. Car le problème qui se posait devant moi était complexe. Tout d’abord, j’étais en colère contre moi-même de ne pas avoir su le recadrer sur le moment, ensuite j’étais en colère contre lui. Par sa faute je m’étais sentie sexualisée, rabaissée, infantilisée et objectifiée. Il ne voyait pas en moi une professionnelle avec qui avoir un échange professionnel sur un sujet professionnel mais bien une femme, un bout de viande. Ce jour-là, j’avais beau représenter une entreprise, être diplômée, être en charge d’un projet de plusieurs dizaines de milliers d’euros, à ses yeux je n’étais qu’une jolie fille de 25 ans. Je lui ai donc écrit tout ce que je pensais, de façon calme mais franche, je lui ai adressé tous mes sentiments sur notre échange. Bien que cela m’ait soulagée, j’ai passé l’heure qui suivi à pleurer. Je me suis sentie si bête de me sentir fragilisée par ce genre de comportement. Ce fut d’une rare violence, bien que comme la majorité des femmes j’ai déjà subi harcèlement et agression, cela c’était toujours déroulé dans la sphère privée, dans la rue, dans un bar, en concert. Cette fois, je me suis fait rabaissée à mon statut de femme dans le cadre de mon travail. Ce jour-là, j’ai compris que même avec des responsabilités, même avec un diplôme, même sur de gros projets, je serais toujours ramené à mon statut de femme. Et ça, ça a brisé quelque chose en moi. Encore une fois, un homme a brisé une partie de moi.

Puisqu’après la pluie vient le beau temps, une fois mon message envoyé, mes collègues de bureau (toutes des femmes) se sont empressées de me féliciter pour avoir envoyé un mail. Bien que je trouve cela triste d’être félicité pour dénoncer ce genre de propos, l’effet sororité m’a fait beaucoup de bien. Quelques minutes après, cet homme a essayé de m’appeler, une de mes collègues a décroché et lui a dit que s’il avait quelque chose à dire il pouvait s’adresser directement à mon directeur. A cet instant, j’ai vraiment pris conscience du mot sororité et de tout ce que cela pouvait signifier. Pour en revenir à cet homme, il n’a jamais voulu en parler avec mon directeur, étrangement, par contre il m’a répondu par mail. Evidemment, il s’excusait de m’avoir fait ressentir de telles choses, ce n’était pas son intention et trouvait cela regrettable. Mais le plus comique fut sa justification, tout d’abord, ce n’était que des taquineries, rien de bien méchant. Ensuite, selon ses mots il a une « maladie chronique ». J’aimerais bien savoir quelle maladie justifie des propos sexistes et misogynes… Enfin, je devrais être indulgente car il subit actuellement des bouleversements dans sa vie pouvant affecter son comportement. J’ai eu envie de lui répondre que son comportent affectait et bouleversait ma vie personnelle.

Après quelques semaines, je suis enfin capable de coucher tout cela sur papier sans en pleurer. »


Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :