Aujourd’hui, nous vous retrouvons pour une interview particulière, à propos des troubles du comportement alimentaire (TCA). L’un de vous a souhaité nous faire part de son rapport particulier à la nourriture et la façon dont l’affecte le jugement d’autrui dans son quotidien. Nous vous remercions par avance de faire preuve de bienveillance à la lecture de cet article.
L’INTERVIEW
Horcaz : Coucou, ravie d’être avec toi aujourd’hui ! Comment vas-tu ? Tu veux bien nous introduire un peu ton histoire ?
Anonyme : « Bonjour, aujourd’hui je suis là pour parler des réactions des autres par rapport à ma prise de poids liée en partie à ma dernière grossesse, mais aussi à mes problèmes alimentaires.»
Horcaz : Tu souffres de troubles des conduites alimentaires depuis toujours ? Plus précisément, de quel trouble s’agit-il ?
Anonyme : « Je souffre depuis la fin de mon enfance début d’adolescence d’un trouble alimentaire, nommé hyperphagie, qui en général survient après une contrariété, quand je m’ennuie, quand j’ai une baisse de morale. Je peux littéralement engloutir tout ce qui remplit les placards, puis je culpabilise (trop tard c’est fait). Je ne me fais pas vomir, jamais. De plus j’ai une morphologie pas mince de famille et un organisme dit « lent » donc qui ne brûle rien de ce que je mange ou très peu. En gros, ça se rapproche de la boulimie sans la phase vomissement. »
Horcaz : Comment te sens-tu (t’es-tu senti) face à cette situation ?
Anonyme : « J’ai plusieurs fois, presque toute ma vie fait des régimes, plus ou moins bien notés (de la méthode Ducan, au jeune, sautage de repas, diététicien). J’ai souvent perdu, et repris de plus belle. À chaque fois un échec, c’est difficile à encaisser. Je suis très motivée et au moindre « choc » émotionnel j’y retourne, c’est plus fort que moi. Et donc s’en découle à chaque fois des réactions du style « t’as repris », « fais attention de pas devenir énorme » de la part de ma famille et même au travail. Tout ceci est dit souvent sous le ton de l’humour mais clairement ça me fait plus rire.
Ma maman m’ayant élevée seule et travaillant dans l’industrie de tournée j’étais souvent seule et déjà à cette époque pour combler le fait d’être seule je mangeais, en cachette parfois même. A l’adolescence, elle m’a plusieurs fois mise « au régime » mais je mangeais des cochonneries au lycée donc ça revenait au même. La première fois que je me suis mise en ménage elle m’a précisé qu’il fallait que je fasse attention à mon alimentation car sinon je deviendrais énorme. »
Horcaz : Toute ta vie, tu as donc souffert de prise et perte de poids plutôt brutale, et donc du regard des gens si on en suit ce que tu disais précédemment. De qui plus précisément ? cela provient/provenait-il du cercle familial? Amical ? Professionnel ?
Anonyme : « Maintenant maman de 2 enfants, le dernier a 4 mois et clairement j’ai dû prendre pas loin de 30kg depuis le début de la grossesse. Une prise de poids difficile à gérer car plus aucuns vêtements ne me vont, mon reflet me dégoûte. Et la première réaction de mes collègues de travail quand je suis retournée en poste a été « wow je t’avais pas reconnu » « tu t’ai lâchée » « t’as changé ». Merci ! Sinon je vais bien ! »
Horcaz : Comment tu fais pour gérer ce que l’on te fait remarquer, alors que la plupart de ces personnes n’ont pas connaissances de ce que tu vis ?
Anonyme : « Les remarques de mes proches avaient provoqué de grosses disputes, j’ai coupé les liens avec ma maman quelque temps, jusqu’à ce qu’elle comprenne clairement que même avec « mes kilos en trop » j’étais quand même sa fille, la même qu’avant, et que ça ne m’empêchait pas d’être une bonne maman non plus. Par contre au travail j’encaissais souvent sans trop rien dire, je n’ai jamais été quelqu’un qui fait scandale, je n’aime pas faire des vagues. »
Horcaz : Actuellement, entreprends-tu à nouveau des démarches pour lutter contre ce comportement compulsif ?Anonyme : « Oui je tente à nouveau de perdre du poids avec la méthode « Weight watchers » on verra si ça marche … Je le fais pour retrouver une silhouette acceptable, me plaire, retrouver le plaisir de m’habiller, et me sentir jolie dans les yeux de mes enfants. Ça me semble bien WW, je mange de tout du moment que je respecte mon quota de point. Contrairement au rééquilibrage alimentaire que j’avais effectué à deux reprises chez un diététicien, efficace… mais je pouvais plus me faire plaisir en mangeant des choses qui me plaisent un minimum, si c’est pour manger du blanc de poulet et des brocolis toute la semaine ça ne le fais pas! »
Horcaz : Si tu avais des conseils à donner à quelqu’un qui souffre de cette situation, de par son propre regard sur son corps, mais aussi de par le côté social à travers le jugement des gens sur son poids, que lui dirais-tu ?
Anonyme : « Je lui dirais « courage, tiens bon, toutes ces choses que tu entends ne les prends pas à cœur, recentre-toi sur tes objectifs » ce qui n’est pas très évident à faire, car moi-même j’y arrive difficilement, mais j’y travaille. Ça prendra du temps mais j’espère vraiment me défaire de mes démons et que ces personnes, aussi malveillantes soient elles, cesseront un jour de juger si facilement. On ne prend pas du poids par hasard, ça va plus loin que « bouffer tout le temps », il y a un mal être derrière, un problème émotionnel que personne ne peut juger à part la personne concernée. »
Plus d’info sur les TCA : https://www.lareponsedupsy.info/TCA
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